La notion de "responsabilité" chez les penseurs allemands et français de la durabilité. - Archive ouverte en Histoire etPhilosophie des Sciences et des Techniques Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2013

La notion de "responsabilité" chez les penseurs allemands et français de la durabilité.

Résumé

Que peut apporter à la recherche sur la durabilité un chercheur en sciences humaines et sociales dont l'objet d'études est une langue et une civilisation étrangères ? L'objet de cette communication consiste à essayer de répondre à cette question en montrant que l'espace germanique constitue un champ de recherches propice à ce type de sujet en raison de l'intérêt que les Allemands portent à la durabilité environnementale. Le fil conducteur de ce travail est la notion de "responsabilité" dans le domaine de la durabilité. On peut mettre en relation les travaux de penseurs allemands (Hans Jonas, Günther Anders) et français (Jacques Ellul, Bernard Charbonneau), précurseurs dans la réflexion sur ce thème. Pour Jonas, une responsabilité nouvelle à l'égard des générations futures incombe à l'homme depuis qu'il a les moyens technologiques de détruire toute vie sur terre. " Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie ". Jonas considère comme irresponsables les utopies de Karl Marx ou Ernst Bloch sur la technique, et il propose "l'heuristique de la peur" (pendant philosophique du "principe de précaution") comme attitude responsable. Anders critique l'irresponsabilité de masse, due à l'alliance de la bureaucratie et de la technologie moderne, et qui conduira inéluctablement à une apocalypse nucléaire. Selon lui, se montrer responsable face à ce danger, c'est " avoir le courage d'avoir peur ". Ellul pense quant à lui que, pour devenir responsable face à la technologie toute puissante, l'humanité doit lutter contre deux traits de caractère communs à tous les hommes : la convoitise et l'esprit de puissance. Ce pionnier de l'écologie politique et protestant engagé regrette que la notion de "sacré" ait été déplacée du domaine de la religion vers celui de la technique. Selon Charbonneau, être responsable, c'est avoir la sagesse de privilégier ce qui est à l'échelle humaine. Ainsi, l'homme doit redevenir un piéton pour éviter le chaos d'un monde submergé et étouffé par l'automobile. Dans son livre au titre évocateur "L'hommauto", il décrit l'automobiliste comme un mutant qui a réalisé son rêve prométhéen de ne pas accepter sa condition de piéton. Le point commun entre ces quatre penseurs précurseurs est d'exposer simultanément la responsabilité morale de l'humanité face aux dangers potentiels liés à un savoir-faire qui dépasse le savoir-penser. Mais Ellul et Charbonneau insistent davantage sur l'aspect aliénant de la technique moderne, alors que Jonas et Anders sont avant tout préoccupés par son effet destructeur sur l'environnement naturel. Il existe d'autres pistes de recherches dans le domaine de la durabilité pour un chercheur germaniste. Il peut faire fonction de médiateur interculturel en traduisant et en commentant des articles ou des livres en allemand sur ce sujet. Une comparaison entre les programmes politiques des partis écologistes français et allemand peut également s'avérer très fructueuse. Et il serait intéressant de faire régulièrement un état des lieux des réalisations concrètes en France et en Allemagne dans le domaine de la durabilité environnementale.
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hal-00838347 , version 1 (25-06-2013)

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  • HAL Id : hal-00838347 , version 1

Citer

Michel Bodet. La notion de "responsabilité" chez les penseurs allemands et français de la durabilité.. EREID 2013, Apr 2013, France. ⟨hal-00838347⟩
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