Quelles machines pour quels animaux ? Jacques Rohault, Claude Perrault, Giovanni Alfonso Borelli - Archive ouverte en Histoire etPhilosophie des Sciences et des Techniques Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

Quelles machines pour quels animaux ? Jacques Rohault, Claude Perrault, Giovanni Alfonso Borelli

Résumé

Dans cet article, nous sommes partie de deux idées : il existe une différence entre explications mécaniques et explications machiniques ; il faut, pour mieux comprendre ces dernières, distinguer entre différentes espèces de machines. Nous avons dès l'introduction rencontré plusieurs raisons de penser que les animaux se laissent mieux appréhender en termes machiniques qu'en termes mécaniques. La lecture des Entretiens de philosophie, de La mécanique des animaux et du De motu animalium n'a cependant pas simplifié l'affaire. En premier lieu, les machines convoquées sont différentes et elles ne sont pas destinées à expliquer les mêmes phénomènes : chez Rohault, on a une machine cinématique particulière, l'horloge, qui sert à appréhender l'animal dans sa totalité ; chez Perrault, la machine est entendue génériquement comme structure artificielle et elle est utilisée ponctuellement, à propos de certains organes ; Borelli se réfère aux machines simples pour calculer la force nécessaire aux mouvements manifestes des animaux, mais aussi à une philosophie mécanique dans laquelle les corpuscules sont des machines, voire à la machine cinématique particulière qu'est l'horloge. En deuxième lieu, les suppléments d'âme introduits ne sont pas identiques : chez Rohault, les animaux n'ont pas d'âme du tout, et il n'y a pas de place dans son ontologie pour une âme qui ne serait pas substance immatérielle ; chez Perrault, ils ont une âme omniprésente dont on s'aperçoit progressivement qu'elle guide jusqu'à leurs mouvements involontaires ; chez Borelli, en règle générale, l'âme semble être une sorte de premier moteur qui donne à distance, on ne sait trop comment, une impulsion initiale déclenchant un enchaînement de mécanismes. En troisième lieu, du point de vue épistémologique, l'horloge de Rohault est une métaphore abstraite ; chez Perrault, des analogies associent, au moins en principe, structure et fonction ; Borelli, dans la première partie de son ouvrage, se sert de la théorie des machines simples comme d'un modèle pour calculer les forces nécessaires à certains mouvements animaux : et, aussi fantaisistes que soient les explications de la deuxième partie, elles semblent régulées par la philosophie mécanique qui est celle de Borelli. Le détail de nos analyses aura fait comprendre que ces variations ne sont pas concomitantes, autrement dit que l'option prise sur tel point ne détermine pas l'option qui sera prise sur tel autre point. En ce sens, il est vraisemblable que, par-delà l'étude particulière de tel ou tel texte, la compréhension des explications machiniques qui interviennent dans un texte du XVIIe siècle supposera toujours qu'on précise non seulement à quelle machine on a affaire, mais aussi comment cette machine est utilisée et à quelle espèce d'âme elle s'articule.
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  • HAL Id : halshs-00807060 , version 1

Citer

Sophie Roux. Quelles machines pour quels animaux ? Jacques Rohault, Claude Perrault, Giovanni Alfonso Borelli. L'automate. Machine, métaphore, modèle, merveille, Presses universitaires de Bordeaux, pp.69-113, 2012. ⟨halshs-00807060⟩
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